samedi 9 septembre 2017

UN PAVE DANS LA MARE ! - Harut SASSOUNIAN

Un nouveau documentaire relie le génocide de 1915 aux récents massacres d’Arméniens commis par des Azéris
De Harut Sassounian 
The California Courier 

Éditorial du 7 septembre 2017

Un nouveau documentaire sur le génocide arménien sera diffusé dans de nombreux cinémas aux États-Unis et sera également disponible « à la demande » dès le 7 octobre 2017. Contrairement à d’autres documentaires sur ce sujet, celui-ci est différent et plus pertinent pour les spectateurs non-arméniens d’aujourd’hui. Le documentaire intitulé Les architectes du déni , avec en sous-titre Un génocide nié est un génocide qui se poursuit, fait le lien entre les massacres de masse des Arméniens dans l’Empire ottoman en 1915 et les massacres contemporains d’Arméniens commis dans diverses villes d’Azerbaïdjan par les Azéris, parents ethniques des Turcs, qui menacent de tuer les Arméniens vivant dans l’enclave du Haut-Karabagh (Artsakh).
Le documentaire est produit par deux célébrités de Hollywood, Dean Cain et Montel Williams. Il comprend des interviews de personnalités célèbres et de spécialistes du génocide arménien, parfois pour la première fois, comme Julian Assange (WikiLeaks), la lanceuse d’alerte du FBI, Sibel Edmonds, le célèbre avocat international, Geoffrey Robertson, le professeur Taner Akçam, l’un des premiers chercheurs turcs à avoir reconnu le génocide arménien, le Dr Gregory Stanton, président de Genocide Watch, le président arménien, Serge Sarkissian, Tom de Wall, un spécialiste de la région du Caucase, l’ancien ambassadeur américain en Arménie, John Evans, le député Adam Schiff, l’ex-maire kurde de Sur, Diyarbakir, en Turquie, Abdullah Demirbas, Sa Sainteté le Catholicos Karekin II, Bako Sahakyan, président de l’Artsakh, le professeur Ugur Ungor, un expert du génocide arménien, la baronne Caroline Cox, membre de la Chambre des Lords, tout comme des comptes rendus de témoins oculaires survivants du génocide de 1915 et des massacres de Bakou et Sumgaït, en Azerbaïdjan depuis 1988 et au début du 20e siècle, ainsi que de cet auteur.

Les interviews ont été menées dans plusieurs pays, y compris aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Arménie, Artsakh, Azerbaïdjan, Turquie et Russie, par des équipes de tournage envoyées à grands frais dans ces pays et qui ont couru des risques élevés. Le documentaire montre aussi les similitudes avec d’autres génocides, allant du Cambodge au Soudan (Darfour), à la Shoah, et aux génocides en Bosnie et au Rwanda.
Voici quelques extraits importants des déclarations faites par certains intervenants interviewés par les producteurs :
- Julian Assange : « La Turquie a fait diplomatiquement du lobbying agressif partout dans le monde pour s’assurer qu’il n’y ait aucune référence au génocide arménien, et même dans de grandes puissances comme les États-Unis. »
- Le président Serge Sarkissian : « Les dirigeants de la Turquie et de l’Azerbaïdjan annoncent de temps en temps qu’ils sont une nation, mais qu’ils vivent dans des pays différents. Et naturellement, en même temps que l’idée de cette nation unique, ils injectent l’idéologie du négationnisme. »
La révélation la plus scandaleuse du documentaire est sans doute celle de
 - Sibel Edmonds qui a été licenciée de son poste au FBI pour avoir informé ses supérieurs de l’implication de politiciens américains de haut rang dans les manœuvres illégales turques : « La justification de l’excuse que le gouvernement des États-Unis a utilisée, est que nous faisons cela [nier le génocide arménien] à cause de nos délicates relations diplomatiques. C’est une hypocrisie dont j’ai été témoin, surtout en ayant une connaissance approfondie de ce qui se passe aux États-Unis. Cela a commencé en essayant de faire correctement les choses et nous avons lutté contre les activités criminelles et nous avons subi des représailles pour cela. »
Expliquant pourquoi le président de la Chambre, Dennis Hastert, avait étouffé à la dernière minute la résolution sur la reconnaissance du génocide arménien, Sibel Edmonds a déclaré : « Ce fut une position qu'il a monnayée au prix fort. Il a reçu des pots-de-vin en liquide pour bloquer le vote. Il y a également eu de la corruption sous forme de services sexuels lors de ses voyages en Turquie dans un certain hôtel où il séjournait. Les services sexuels lui étaient livrés sous forme de jeunes gens mineurs. Ils lui étaient également livrés dans sa maison de ville ; c’était de la corruption, et la corruption étrangère constitue une trahison. Mais ceci n’était qu’une très petite partie de ce que le FBI avait pu rassembler. À Chicago, il a aussi été directement impliqué dans le notoire réseau turc qui gère aux États-Unis un grand pourcentage des activités, opérations, et ventes liées à l’héroïne. Ceci inclut le fait, tant pour lui que son chef de cabinet, de recevoir de l’argent liquide dans des valises provenant de ces personnes en particulier ; les preuves ont été enregistrées. Ils ont été mis sur écoute non seulement audio, mais aussi vidéo. Dès 1997, le FBI avait en sa possession, entre ses mains, des preuves éclatantes impliquant criminellement Dennis Hastert. Le Département d’État le sait, de nombreuses personnes au Congrès, devant lequel j’ai témoigné, le savent. Et j’ai dit ‘Vous verrez, aucune responsabilité ne sera dégagée et le système tout entier ne sera pas tourné en dérision.’ »

Le documentaire montre également une vidéo originale de soldats azéris coupant les têtes et les oreilles de soldats et de civils arméniens de façon barbare pendant l’attaque de l’Azerbaïdjan sur l’Artsakh en avril 2016 !

Finalement, les réalisateurs du documentaire ont questionné plusieurs membres du Congrès qui ont refusé de répondre et de dire s’ils croient que le génocide arménien a réellement eu lieu, excepté la députée Eddie Bernice Johnson (Dem.-Texas) que l’on voit faire un discours lors d’une conférence sur l’énergie azérie, où elle fanfaronne : « Je suis membre du Caucus [au Congrès] de l’Azerbaïdjan, un membre enthousiaste, et un membre solidaire ! »
Les réalisateurs ont ensuite demandé à la députée Johnson face à la caméra : « Niez-vous que le génocide arménien ait eu lieu ? » Elle a répondu sans vergogne : « Je nie cela ! »
 Il est absolument scandaleux qu’un membre en poste au  Congrès nie de façon aussi catégorique quelque chose qui est rarement nié par les membres du Congrès. 
La communauté arméno-américaine dans tout le pays et ses partisans devraient soutenir son adversaire lors de la prochaine élection et ceux relevant de son district devraient voter contre elle pour qu’elle quitte le Congrès. Une fois que l’un de ces scélérats négationnistes sera mis dehors, les autres membres du Congrès feront très attention à ne pas nier le génocide arménien. Nous devons faire d’elle un exemple !

©Traduction de l’anglais C.Gardon pour le Collectif VAN – 7 septembre 2017 – www.collectifvan.org

1 commentaire:

  1. Gloire soit rendu à Harut
    Dommage que "THE CALIFORNIA COURRIER soit si peu consulté.
    voir :
    https://www.similarweb.com/website/thecaliforniacourier.com

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