dimanche 3 mai 2015

Souvenirs de Crémieu (Isère) cité médiévale - d'un moment de notre enfance ...

Souvenirs de Crémieu (Isère) cité médiévale d'un moment de notre enfance ...




La halle de Crémieu (Isère) fidèle à mon souvenir.
Emblème de la cité médiévale, vaste et impressionnante, elle n'a pas changé depuis plus de 500 ans. Mais pour moi, son histoire commence en cette année 1944, où ma famille - grand-mère, mes tante et oncle -  s'installa  à Crémieu durant quelque temps. Mon frère et moi avions alors 7 et 5 ans.
Ce fut une période riche d' événements et d'expériences en tout genre. Depuis une scolarité buissonnière, où j'appris pourtant très tôt à lire, jusqu'aux aventures pittoresques et risquées des enfants hardis que nous étions, mon frère et moi...     
Fort animée les jours de marché, la halle nous appartenait dés que les derniers marchands, leur recette faite, vidaient les lieux. Que de jeux, de cavalcades, d'explosion de liberté, pour les enfants d'une cité encore préservée de l'évolution d'un modernisme castrateur.
Je me souviens de ses ruelles étroites, des chemins qui conduisaient vers la campagne proche, des noyers le long des routes ...

Crémieu (Isère) Cité médiévale, aujourd'hui

Pourtant, des souvenirs moins glorieux, douloureux, s'attachent à cette époque, où l'enfance entre tout à coup dans le quotidien d'une histoire sombre, dont elle gardera pour toujours la mémoire.
Les FFI avaient libéré Crémieu, les américains la quittaient, et vint l'heure des règlements de compte ...


Des badauds s'étaient attroupés non loin de la porte de l'église ; j'étais là aussi ; comment étais-je là ? Je ne sais plus. Etais-je venue seule ? C'est tout à fait plausible, tant était grande la liberté d'action dont nous, les enfants, jouissions au sein de notre famille.
La foule curieuse s'abreuvait du spectacle de trois femmes,  honteuses, perdues, recroquevillées sur elles-mêmes ... leur crâne était rasé et portait, peinte en noir, une croix gammée ...
Je comprenais qu'une chose terrible, dont j'ignorais le sens, s'était abattue sur elles ...
J'ai souffert de les voir ainsi, dépouillées de toute dignité, si malheureuses et seules.
C'est sans doute de ce moment que date ma tendance à prendre la défense des causes perdues, parfois même, les plus inexcusables ...

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